Tri-partie / Concours Wilmotte / Honorable mention

 

Collaboration avec Etienne Fabre
Prix Honorable Mention 
Projet : Connexion Tri -partie
Programme : réaménagement du pont de Pondorly
Année : Concours Wilmotte 2016
Lieu : Orly, France

 

L’entrée des grandes villes est parsemée de hangars industriels et panneaux publicitaires orientés vers le visiteur. Le goudron s’allie au béton et à l’acier pour déployer un monde linéaire, massif et gris. Quelques arbres timides pourraient compenser ce résultat, mais ils rappellent surtout à quel point la nature urbaine est un concept maîtrisé. On conçoit et construit des parcs dans les mégapoles, car leur fréquentation procure un grand bien-être. Le pont de Pondorly, transformé en parc, est un cas à part. C’est un lieu de passage à plusieurs égards : premièrement il établit une connexion physique entre le Marché d’Intérêt National et la Ville de Rungis. Les employés du marché qui souhaitent utiliser les services de la ville, tels les restaurants ou les hôtels, pourront passer par ce parc.

 


/ Destruction de ses greffes pour ne garder que la structure principale

Deuxièmement, le pont-parc propose une connexion spirituelle avec la nature, qui est absente dans un rayon de 20 minutes à pied et sur tout le Marché International. L’expérience mystique telle que l’annonce Jean Chalon, “Lire un livre sous un arbre en double le plaisir. On ne sait plus si on tourne les pages ou si on feuillette l’arbre”, serait un point de rupture agréable dans le passage du pont, où les piétons prendraient plaisir à contempler les différentes espèces d’arbres.

Enfin, il existe une liaison entre le jour et la nuit. Au fil de notre investigation sur le site, et de quelques données recueillies, nous nous sommes rapidement rendu compte que le secteur est hautement actif la nuit. D’une part le pic d’activité du MIN se situe entre 3 et 6 heures du matin, d’autre part, le trafic routier de l’A106 (route concernant le Pondorly), est relativement important à minuit et à 6h. Or, aucun commerce, ni lieu n’inspire la sérénité durant ces horaires-là. Il existe une clientèle, donc un marché, pendant la nuit, qui complète l’activité diurne. Dans la lutte contre l’agitation et le monde de l’étalement horizontal sous contrôle, le nouveau Pondorly propose une vision spécifique de la connexion tri partie.

 

 

 

Au cours de la visite du lieu, nous avons été surpris par le paradoxe entre la qualité architecturale dessinée sur le plan et les multiples greffes successives contemporaines. Nous avons envisagé, par la suite, la destruction de tous les éléments du second-œuvre et de ces greffes (cages d’escaliers, tôles en surplus, passerelles, toitures…), pour ne garder que la structure principale.

Structurellement, chaque mur latéral a sa propre sollicitation. Le pan central est suspendu, laissant l’impression qu’il survole. Les poteaux latéraux en façade sont en bois, de sections ovales et de profilés cigare. La lumière joue par des effets doux plutôt que rectilignes. De plus, la finesse des poteaux permet une meilleure visibilité de la serre depuis l’A106. La relation avec les automobilistes n’a pas été négligée. L’étage principal est traversant, permettant une vue étendue. L’entrée côté ville de Rungis, se défragmente pour laisser place aux arbres, qui reprennent leurs droits.

 

 

 

DANS LA SERRE – PEINTURE DE EDOUARD MANET

Aux riches demeures bourgeoises on ajoutait pour la délectation de ses habitants une serre qui servait de salon. Un espace intermédiaire entre la tiédeur du foyer, son confort et la légèreté du jardin, ses lumières, sa transparence végétale bruissante. L’ameublement y était à l’image de l’usage qu’on en faisait d’ordinaire. Pour le repos, les conversations badines, la rêverie. Des plantes vertes, d’abondance, généralement y croissaient, formant des murailles frémissantes, de doux reposoirs où, parmi les verts soutenus des feuillages, se poursuivait la ponctuation allègre de fleurs vivement colorées. Parce que c’était l’espace privilégié d’un quotidien doucement relâché, d’aisance et de nonchalance.

Des rapports de la nature avec les humains qui en est souvent l’ornement le plus évident, ceux qu’implique la végétation en serre (le mot dit tout) sont les plus proches de ceux d’un tout jeune enfant découvrant son environnement (et qu’elle invitation à l’exotisme, à l’aventure de lointains voyages qui lui sont interdits). Une atmosphère intime. En douceur. C’est une végétation choisie, autrement entretenue, exigeant des rites quotidiens pour sa préservation. Il se créé un jeu d’osmose dont elle est parée au final comme le montre le tableau de Manet :  « La serre ».

 


 

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